De : Léa PIERROT,

Société : FLORES,

Chez Florès, nous sommes programmistes et assistants à maitre d’ouvrage. Nous accompagnons nos clients, publics ou privés, dans leur projet de construction d’un bâtiment. Nous les écoutons, nous les orientons, nous les conseillons, nous débattons avec eux, nous les contredisons parfois pour le bien d’un projet.

La démarche de « qualité environnementale du bâtiment » est au cœur de notre métier et nous y tenons, car elle est pour nous fondamentale. Ce n’est pas un accessoire, ce n’est pas un petit plus, une étiquette, un truc qui fera que le bâtiment sera un peu mieux. C’est une nécessité. On parle aujourd’hui de « qualité environnementale », de « respect de l’environnement », de « protection de la nature » comme si cela était une option. Alors que c’est censé être le point de départ de tout. L’environnement, ce n’est pas seulement les arbres, les vers de terre et les petits oiseaux. C’est le socle de nos sociétés, l’indispensable à notre bien-vivre et notre bien-être.

Dans notre profession, nous rencontrons de multiples problèmes et freins à la construction de projets vertueux. La mauvaise volonté est bien souvent le premier. Ensuite, le manque de moyens est souvent brandi comme un bouclier « anti-qualité environnementale ». « Désolé, on n’a pas les sous, on ne peut rien faire ».

Viennent ensuite les problèmes d’ordre réglementaire. La loi est très peu contraignante sur les aspects environnementaux. Il n’existe en vérité qu’une seule loi contraignante, la RT2012… et encore, elle est bien gentille ! La réglementation d’urbanisme est peu directive également et très souvent dérogatoire pour les projets publics, alors que ceux-ci devraient être exemplaires. Les Plans locaux d’urbanisme (PLU) intègrent peu la démarche de qualité environnementale. Par ailleurs, concernant la performance énergétique, l’obligation concerne le constat et pas le résultat : à quoi bon faire un diagnostic de performance énergétique sans qu’aucune action ne soit obligatoire ensuite ? Ne parlons pas des plans de prévention du risque inondation, auxquels on trouve toujours les moyens de déroger. Et bien oui, l’objectif ce n’est pas de construire un projet utile à la société, dans lequel les gens se sentiraient bien. L’objectif, c’est bien de créer plus de places de stationnement, quitte à aggraver le risque inondation et mettre en péril des biens et des vies.

Nous devons ensuite combattre la résistance au changement. Les consciences sont en complet décalage avec les enjeux d’aujourd’hui. De manière générale, les maîtres d’ouvrages, élus locaux, porteurs de projet, etc. ne sont pas formés et trop peu informés sur les questions environnementales. Ils ne voient pas les conséquences à long terme de leur choix : rénover plutôt que démolir et reconstruire ; utiliser des matériaux et ressources alternatifs et locaux, plutôt que les techniques « traditionnelles » (qui ne sont en fait traditionnelles que depuis 50 ans…) nocives pour l’environnement ; faire moins, mais mieux ; réutiliser des matériaux, les réemployer, les recycler plutôt que les envoyer directement à la benne. Ce sont des choix qui auraient une incidence globale positive réelle sur la société et la planète, mais difficilement quantifiable à court terme donc occultés. Cela vient d’une part des formations scolaires et universitaires qui ont été défaillantes sur ces sujets et qui le sont toujours aujourd’hui. D’autre part, les solutions et filières alternatives sont trop peu structurées et diffusées, étouffées par le poids des lobbies industriels.

Enfin la course au toujours plus, toujours plus vite, toujours plus technologique et numérique, toujours plus climatisé, est une vraie gangrène. Les projets sont bâclés pour servir des ambitions politiques et électorales. Le tout numérique dans le bâtiment (et de manière générale) déresponsabilise les gens et a un impact environnemental et humain déplorable (extraction des terres rares, travail des enfants, pollution de l’eau, recyclabilité des matériaux, consommation énergétique).

Voilà ce à quoi nous devons faire face tous les jours. Nous constatons néanmoins des évolutions, des changements dans les mentalités et les pratiques. Trop lents cependant pour nous éviter de foncer dans le mur. Voici pêle-mêle des idées qui pourraient nous aider à mener des projets vertueux, respectueux de l’Homme et de l’environnement.

Verdissez les rues, largement, avec des espaces plantés en pleine terre, accueillant des oiseaux et des insectes, dans chaque projet d’aménagement. Vous verrez, les gens apprécieront de marcher dans la rue pour aller au travail, faire du vélo, ils seront plus apaisés, oublieront leur voiture, leurs jambes fonctionneront mieux et leur cœur aussi, l’air sera plus pur et nos poumons vous diront merci.

Encouragez la culture et l’éducation, pour toujours plus de libertés et de bien-être des personnes, avec l’économie comme moyen et non comme fin.

Redonnez de la valeur aux choses vitales, à l’eau, à la nourriture et valorisez les métiers qui en dépendent : les agriculteurs, les artisans, etc. doivent pouvoir vivre décemment de leur travail et être respectés.

Laissez les gens reprendre les rênes de leurs territoires en organisant des référendums locaux pour les projets de construction d’ampleur (en fonction du coût du projet et de son emprise au sol).

Abandonnez les projets Europacity et Montagne d’or.

Rendez obligatoire l’aménagement de locaux stationnement vélo dans tout projet de construction. Aménagez de belles pistes cyclables sécurisées dans les villes et entre les villes.

Gelez la constructibilité des terrains agricoles. Un terrain doit-être inconstructible par défaut : l’urbanisation et l’imperméabilisation des sols à outrance est un fléau. Nous devons faire avec ce que nous avons sous la main dans nos villes et nos villages, et densifier les terres déjà artificialisées si nécessaire. Et cela est largement suffisant.

Limitez les locaux vacants (bâtiments de logements et tertiaires inoccupés pendant des mois voire des années).

Taxez très fortement les résidences secondaires : il n’est pas acceptable que des gens passent l’hiver dans le froid et l’été sous une chaleur écrasante, alors que d’autres ont 1, 2, 3… maisons secondaires.

Libérez les décideurs des lobbies industriels anti-démocratiques, peu vertueux uniquement orientés profit.

Facilitez les démarches de mise à jour des documents d’urbanisme, tout en préservant le contrôle des évolutions par l’administration et les citoyens. Les PLU en cours d’élaboration depuis des années, sont déjà obsolètes au regard des enjeux environnementaux d’aujourd’hui. Il faudrait de nouveau des années pour modifier les règles du jeu.

Rendez obligatoire un diagnostic écologique, fait par un écologue, pour tout projet de construction. La compétence « biodiversité » doit être intégrée aux services d’urbanisme et tout projet doit démontrer qu’il n’est pas nocif pour les écosystèmes pour obtenir son permis de construire.

Rendez-obligatoire un diagnostic « ressource » pour tout projet de rénovation ou de démolition d’un bâtiment. Les matériaux existants sont une vraie ressource avant d’être des déchets. Ils doivent être réparés, réemployés et valorisés. La démarche de réemploi est au cœur de l’économie circulaire et doit être favorisée du point de vue réglementaire.

Interdire toute dérogation aux règlements de construction (PLU, PPRI, réglementation thermique…), en particulier pour les projets publics.

Pour tout projet de construction, rendez obligatoire le critère de qualité environnementale pour les choix des projets publics (dans le cadre d’un concours par exemple).

Remettez la nature et l’environnement au cœur de l’éducation et des formations. Emmenez les enfants voir la nature en vrai beaucoup plus souvent, laissez-les mettre les mains dans la terre tous les jours, apprenez-leur à reconnaître les plantes et les oiseaux, la biodiversité.

Réintroduisez le travail manuel dans les écoles, apprenez à nos enfants à jardiner, coudre, bricoler, réparer. Faites-leur faire le ménage de leurs salles de classes et cour de récréation, ils apprendront ainsi à prendre soins des endroits où ils vivent.

Interdisez la voiture dans les centres-villes au profit du développement d’espaces verts et de la biodiversité.

Interdisez toute augmentation du nombre de places de stationnement en ville, interdisez toute construction de parkings silo ou parking souterrain en centre-ville et favorisez ceux construits en périphérie.

Augmentez massivement l’offre de transports en communs, renforcez les lignes de train régionales, désenclavez les territoires.

Imposez la compensation carbone à toute les entreprise (compensation carbone des déplacements et de l’énergie), et rendez la contraignante. Nous le faisons déjà chez Florès.