Idriss KATHRADA rejoint la fédération CINOV, à l’époque CICF, en 2004. Il participe aux travaux de la Commission développement durable depuis 2009 et investit plus particulièrement le champ du changement climatique en portant notamment la mobilisation de CINOV comme acteur non-étatique, aux côtés de l’EFCA et de la FIDIC lors la COP21 en 2015. En 2018, il accepte de reprendre la présidence de la Commission développement durable.

L’activité de son bureau d’études Novasirhe porte depuis 2009 sur l’accompagnement des démarches de progrès compatibles avec l’objectif < 2°C. Auparavant, il a exercé pendant 15 ans des missions d’assistance technique et d’évaluation de projets pour le développement des compétences, des entreprises et des territoires, soutenues par la Commission européenne en Europe et dans les pays tiers.

Vous venez de prendre la présidence de la Commission Développement durable, pouvez-vous nous présenter ses missions ?

Oui, bien sûr. Globalement, il s’agit de contribuer au développement durable en suivant 3 axes. Favoriser la prise en compte du développement durable dans les métiers et la gestion des activités des professionnels du conseil, de l’ingénierie et du numérique.
Contribuer, à travers des initiatives réglementaires ou volontaires, aux objectifs de développement durable et de responsabilité sociétale.
Enfin, promouvoir la notoriété des professionnels du conseil, de l’ingénierie et du numérique, comme des acteurs fortement contributeurs et reconnus sur ces sujets.

Quelle est la feuille de route de la Commission pour l’année 2019 ?

Cette année, nous souhaitons rendre plus lisible les thématiques de travail et améliorer notre organisation, notamment en mettant en place une charte de participation. Cela pourrait faciliter le dialogue avec les autres instances internes, telles que les commissions, les syndicats et les régions. Cela aidera aussi au dialogue avec les partenaires et autres parties concernées par nos activités.
En fonction des préoccupations recensées, de la priorité qu’elles représentent et des volontaires pour les porter, quelques thèmes de travail pourraient être relancés ou plus développés.
A ce stade, il apparaît que les questions de la biodiversité et du changement climatique font parties des priorités. C’est peu dire qu’il y un hiatus entre les intentions et le constat tant national, que mondial, sur ces deux sujets pour lesquels un état d’urgence serait plus approprié. D’un point de vue pratique, l’une des actions en cours est d’être une force de proposition pour la préparation de la réglementation environnementale bâtiment 2020, qui a vocation à proposer de nouveaux critères de performance tels que le carbone.

Vous avez participé à la dernière COP qui s’est tenue en Pologne, il y a quelques semaines, quels enseignements peut-on tirer ?

On peut se féliciter de l’adoption des règles de mise en œuvre de l’Accord de Paris et il y a des progrès dans certains domaines tels que les bonnes pratiques et les engagements de la société civile, alimentés par le dialogue de Talanoa apporté par les îles Fidji.
Mais, il y a une difficulté à respecter les engagements environnementaux et économiques. Et, il n’y a pas eu de relèvement du niveau d’ambition, pourtant nécessaire à la lumière du rapport du GIEC publié en octobre et qui présente les scénarios à 1,5° et à 2°.
Avec les contributions nationales déterminées présentées en 2015, c’est-à-dire les engagements nationaux actuels pour l’Accord de Paris, le scenario tendanciel est à +3,2°. La situation est d’autant plus inquiétante qu’elle s’est dégradée en 2017 et en 2018, avec des émissions historiquement les plus élevées jamais connues.
Une cinquantaine de pays seraient volontaires pour rehausser leur niveau d’engagement avant 2020, de plus en plus de villes et d’entreprises visent une neutralité carbone pour 2050, et on peut noter la présence d’une nouvelle figure du militantisme, avec le témoignage de la jeune suédoise Greta THUNBERG.

Comment l’ingénierie, représentée à travers les 10 syndicats de la Fédération, peut-elle contribuer aux objectifs du développement durable (ODD) ?

La diversité des métiers, présents sur l’ensemble du globe avec les régions Antilles, Océan indien et peut-être un jour Pacifique, et les membres installés dans les pays tiers, offre un fort potentiel.
Pour chaque métier, une évolution des pratiques en phase avec les enjeux de développement durable de notre temps dans les territoires et des propositions pour l’adaptation des réglementations, des normes et des mécanismes économiques soutenant les démarches de progrès, constituent deux voies importantes.
Par l’effet de levier que peuvent constituer le Conseil, l’Ingénierie et le Numérique pour les projets des clients et maîtres d’ouvrages, les syndicats jouent un rôle moteur dans la contribution aux objectifs de développement durable (ODD).