De : Dimitri MOLLE,

Société : Senova,

Il faut s’assurer que les 500 000 rénovations par an concernent bien des rénovations énergétiques globales, ambitieuses, à un niveau BBC (Bâtiment Basse Consommation). En effet, la Loi de Transition Énergétique affiche sur ce sujet un objectif clair : en 2050, tous les bâtiments seront BBC. Dès aujourd’hui, c’est cette dynamique que l’État doit viser pour toute rénovation sans quoi les objectifs ne seront jamais tenus : les rénovations seraient toutes à reprendre d’ici à 2050 ce qui est illusoire et contre-productif au vu de l’enjeu. De plus, la démarche de rénovation en copropriété est lourde, elle provoque des nuisances, des coûts d’ingénierie, du temps à passer à tous les niveaux. C’est totalement illusoire de penser que les copropriétés vont faire plusieurs fois cette démarche au cours des 20 prochaines années.

Pour cela, les incitations doivent être importantes pour la rénovation globale BBC afin de pousser les propriétaires à viser un programme de travaux BBC directement. Par ailleurs, on risquerait de se satisfaire de simples rénovations d’entretien (rénovation de chaufferie, réfection de toiture etc.) pour atteindre l’objectif de 500 000 rénovations par an. Nous pensons donc qu’il est important de fermer la porte à toute autre niveau de performance que le niveau BBC. Éventuellement, une option « intermédiaire » pourrait être d’imposer un bouquet de 2 travaux minimum dont obligatoirement l’isolation des murs. En effet, si l’isolation des murs n’est pas dans le programme de travaux, la rénovation entre alors dans la catégorie des travaux d’entretien et n’a rien à voir avec l’esprit de la loi et du Plan Rénovation Énergétique des Bâtiments. Sur le terrain, nous nous rendons effectivement compte que lorsqu’un dispositif incitatif fort existe pour viser le niveau de performance BBC, alors, c’est l’isolation des murs, qui pousse ensuite à anticiper sur d’autres travaux d’entretien (rénovation de chaufferie, de toiture, amélioration de la ventilation). Une rénovation de chaufferie ou de toiture ne suffit que très rarement à déclencher une rénovation BBC.

Par ailleurs, deux autres réflexions pourraient être rapidement engagées afin de faciliter la rénovation énergétique :

  • Promouvoir des rénovations globales permettant d’embarquer l’ensemble des acteurs dans un temps court avec in fine un coût global moins et une efficacité accrue. Des rénovations partielles étalées sur différentes périodes donnent l’illusion d’abaisser les coûts et les efforts alors que la répétition aura dans les faits des effets diamétralement inverses. Mieux vaut moins d’opérations avec des rénovations globales que plus de rénovations partielles souvent inachevées et toujours moins efficientes.
  • Les aides de l’ANAH prévoient aujourd’hui de dissocier les missions d’AMO et de maitrise d’œuvre. Ce prérequis nous parait inopportun en renchérissant les coûts et en complexifiant des opérations que exigent de la simplicité pour inciter les ménages à rénover leur logement.