Par Frédéric Lafage, Président de la Fédération CINOV

Face à ce nouvel épisode de confinement, qui vient mettre à mal une économie et des entreprises déjà largement impactées par la crise du Covid-19, il est urgent – en sus des mesures de « sauvetage » – de donner aux entreprises, en particulier aux TPE-PME, les moyens méthodologiques de se transformer durablement pour faire face à un avenir incertain.

Cette crise ne sera sans doute pas la dernière

En effet, les aides d’urgence annoncées par le gouvernement ont pour objectif principal de sauver l’activité des entreprises. Mais nous aurions tort de considérer que la crise que nous traversons puisse être la dernière. Si l’on peut légitimement considérer comme acquise la fin – ou, au moins, la baisse d’amplitude – de la pandémie de Covid-19 d’ici quelques mois, nous ne sommes pas à l’abri dans un futur proche de l’émergence de nouvelles crises sanitaires, économiques ou environnementales.

Or, nous pouvons nous interroger sur les insuffisances des mesures annoncées, qui ne permettront sans doute pas d’envisager la transformation durable de l’activité économique. Les TPE-PME, particulièrement éprouvées ces derniers mois et dont les difficultés devraient se poursuivre bien au-delà de la crise sanitaire, font déjà part de leurs inquiétudes. Certes, bien que contraintes de s’adapter très rapidement aux nouvelles mesures (télétravail, digitalisation), la plupart d’entre elles pourront certainement faire face à l’urgence et maintenir tout ou partie de leur activité. Mais alors que la crise sanitaire a considérablement contribué à accélérer les transformations – numériques, environnementales, sociétales – à l’œuvre, ces mesures ne leur permettront vraisemblablement pas de se transformer durablement afin de faire face aux défis à venir.

90% des dirigeants souhaitent bénéficier d’un plan d’accompagnement rapide

On estime en effet qu’un très grand nombre de TPE-PME en France ne pourront faire face aux défis susmentionnés sans être accompagnées dans leur transformation. C’est pour cette raison qu’il faut leur octroyer la possibilité, comme les grandes entreprises qui en ont les moyens, d’avoir recours à un accompagnement sur le plan méthodologique.

Investir dans les petites et moyennes entreprises, par la mise en place d’un fonds spécifiquement dédié à l’accompagnement méthodologique et financier de ces dernières, aurait pour avantage de faciliter leur modernisation en pérennisant l’utilisation de nouveaux outils (digitalisation) et de nouvelles méthodes de travail (dont le télétravail). Les TPE-PME sont en effet particulièrement concernées : en souffrance, elles éprouvent de grandes difficultés à s’adapter aux nouvelles mesures. Pourtant, selon une étude réalisée en septembre 2020 par Opinion Way, 80% des dirigeants prévoient des changements prochainement au sein de leurs organisations. Selon cette même étude, 90% des dirigeants souhaitent bénéficier d’un plan d’accompagnement rapide. Il est donc crucial, au-delà du soutien financier, de répondre à leurs attentes.

La nécessité d’un fonds pour l’accompagnement méthodologique des TPE-PME

Le fonds dédié à l’accompagnement de la transformation des TPE-PME doit remplacer l’ensemble des fonds et des autres dispositifs préexistants, qui manquent souvent de lisibilité. Il pourrait être mis en œuvre en s’appuyant entre autres sur les collectivités territoriales – départements, régions – via des aides ciblées, ainsi que sur le plan de relance gouvernemental. La création de ce fonds spécifique aurait pour premier avantage de remplir les carnets de commandes des entreprises de prestations de services intellectuels et de conseil, qui sont un levier central de l’activité économique sur l’ensemble du territoire. Ce fonds permettrait, aussi, de créer du lien entre les entreprises dans une logique de réseaux dynamiques. A défaut, de nombreuses TPE-PME pourraient être amenées à disparaître – avec les conséquences sociales désastreuses que l’on peut imaginer, et le renforcement de la fracture territoriale qu’elles impliqueraient.