A l’heure où la loi « Climat et résilience » rentre dans sa phase de marathon législatif et où CINOV a proposé divers amendements en faveur de la transition écologique et de la transformation numérique, un rappel lexical peut s’avérer utile.

Nous connaissions la loi Essoc pour un état au service d’une société de confiance, qui peine depuis plus de 18 mois à mettre en place les conditions d’une libéralisation du secteur de la construction, et la rédaction d’un nouveau livre I du Code de la construction et de l’habitation. A l’époque, il s’agissait encore de positionner la France dans des perspectives de croissance.

Désormais, c’est à la résilience que l’Etat appelle les Français pour une meilleure prise en compte du climat.

Le concept de résilience est en travail dans la communauté scientifique et psychologique depuis quelques décennies. Il s’est développé en France, et dans les pays francophones, surtout dans les années 90 grâce, notamment, au psychologue Boris CYRULNIK dans son ouvrage « Plongée dans l’univers de la résilience ».

Réalisant un parallèle entre la physique pour laquelle la résilience est la résistance d’un matériau aux chocs, elle est devenue au sens figuré une force morale et mentale associée à la qualité de quelqu’un qui ne se décourage pas, ne se laisse pas abattre.

A l’inverse de la maxime bien connue de Nietzsche selon lequel ce qui ne nous tue pas, nous rend plus fort, Boris Cyrulnik explique que chaque traumatisme laisse une trace dans l’organisme ainsi marqué à vie.

Il en résulte néanmoins une capacité adaptative positive, parfois spectaculaire, permettant aux individus résilients de ne plus se soumettre à l’impact que peut avoir un traumatisme sur notre propre fonctionnement en en atténuant la douleur psychique.

Le principe de résilience permet donc de dépasser les atteintes portées à l’organisme et dans certains cas, de les transcender.

Il s’agirait donc de cela dans l’esprit de la loi «Climat et résilience », de transcender les mutations qu’exige le changement de paradigme économique, matériel et sociétal, qu’impose désormais la transition écologique.

Contrairement à la physique pour laquelle la résilience aboutit à la reprise de la structure initiale du corps modifié, il va bien falloir nous modifier individuellement et collectivement au fur et à mesure que nous absorbons économiquement, philosophiquement et psychologiquement, les impacts que nécessite une réelle mutation de notre rapport à notre environnement.

C’est bien de cela qu’il s’agit dans ce numéro 3 de l’Influent et c’est aussi ce que nous avons mis au cœur de nos débats lorsque, au sein de la Fédération CINOV, elle-même en pleine mutation, nous travaillons sur le nouveau pacte social, la place dans notre écosystème et le rapport de l’humain au travail dans la période traumatique que nous vivons.

Magali DELHAYE-COTTAVE – Adhérente CINOV Ingénierie – Directrice Générale de CSD & ASSOCIES  /   CASSO & ASSOCIES.